Fujisaki Kenji

Devenir des stocks de carbone organique des sols après déforestation et mise en culture : une approche diachronique en contexte amazonie

Thèse soutenue le jeudi 27 novembre 2014 à Montpellier SupAgro

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Le carbone organique des sols (COS) joue un rôle majeur dans le maintien des propriétés des sols, et constitue un important réservoir de carbone sensible aux perturbations anthropiques dont les changements d’usage ou de gestion des terres. En Amazonie, la déforestation libère des gaz à effet de serre (GES) par le brûlis de la végétation mais les stocks de COS sont également susceptibles d’évoluer et de contribuer aux émissions de GES. Nous montrons que ces variations de stocks sont cependant mal comprises à l’échelle du biome, en raison de l'usage fréquent d'approches par chronoséquence qui induit de nombreuses incertitudes et du manque de données sur la gestion des agrosystèmes implantés après déforestation.

L’étude a été conduite par analyse diachronique d'un site agronomique en Guyane, déboisé sans brûlis et avec des restitutions de biomasse forestière au sol, sur lequel ont été implantés 3 systèmes de culture : une prairie et deux systèmes maïs/soja avec ou sans travail du sol. L’objectif a été de déterminer le devenir du carbone forestier et du COS des agrosystèmes.

Les fluctuations des stocks ont été mesurées jusqu’à 5 ans après déforestation dans la couche 0-30 cm, un bilan est proposé pour la couche 0-100 cm à 5 ans. La décomposition des débris de bois, apportés au sol suite à la déforestation, a été étudiée via leur perte de masse et leur caractérisation par pyrolyse Rock-Eval. La répartition granulométrique du COS a été mesurée 4 ans après déforestation. L’isotopie δ13C a été utilisée dans le sol sous prairie pour distinguer le carbone d’origine prairiale.

L’apport de carbone issu de la déforestation a entrainé une augmentation des stocks de COS, mais de courte durée car les débris de bois se sont rapidement décomposés et n’ont pas induit de stockage durable de COS. Cinq ans après déforestation les stocks de COS sous prairie sont similaires à ceux observés sous forêt, grâce à des apports de carbone importants par les racines, alors que sous cultures les stocks diminuent d’environ 18 %, sans que l’on ait distingué un effet du travail du sol. La décroissance du carbone forestier, qui concerne l’ensemble des fractions granulométriques du sol, a donc été compensée par les apports de carbone sous prairie, ce qui n’est pas le cas sous cultures annuelles. Le modèle RothC a pu être validé dans notre situation même s’il a surestimé légèrement les stocks sous cultures. Nos résultats, replacés dans le contexte amazonien montrent que les diminutions de COS observées ici sont moins importantes que pour l’ensemble des tropiques humides, probablement en raison de la gestion optimale du site et de la courte durée du temps d’observation.

 

 

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